La journée de la femme dans les musées : encore un petit effort ?

par Marie Ferey 8 Mars 2014, 10:09 Patrimoine Rencontres

En cette année 2014, les musées parisiens ont voulu marquer la journée de la femme par différentes manifestations qui lui sont liées.

Du 8 mars 1914 en Allemagne où les femmes réclament le droit de vote au 8 mars 2001 en Russie qui institutionnalise le premier concours de beauté féminin, il semble que cette journée soit empreinte de féminité mais pas forcément de féminisme…

Quel angle ont choisi les musées pour samedi prochain ?

La femme entretient avec les arts une longue histoire. Les Vénus préhistoriques montrent déjà combien le corps féminin, ses formes et surtout ses capacités reproductrices étaient magnifiées. La représentation de la femme, modèle artistique, traverse donc les âges et s’inscrit dans la quasi totalité des civilisations. C’est ce que propose d’étudier le Louvre avec un cycle de conférences sur ce thème :

De même, le Petit Palais revient sur la représentation de la femme dans les arts par des visites guidées :

D’un point de vue plus historique, nombreuses sont les femmes ayant marqué les siècles par leurs actions politique, sociale ou intellectuelle. Le musée Carnavalet présente donc ces figures françaises du XVIIIe siècle qui ont laissé une trace :

Sous ce même angle, le musée du quai Branly organise une table ronde sur les femmes engagées dans les années trente :

D’autres manifestations adoptent un ton plus « féministe », brandissant le topos de l’égalité, qui, hélas est loin d’être gagnée. C’est le cas de l’UNESCO qui expose sept artistes ayant travaillé sur ce sujet :

Nous ne pouvons que féliciter ces nombreux événements qui permettent que la journée internationale de la femme ne soit pas oubliée et qui offrent la possibilité au public de réfléchir sur le concept de féminité.

Cependant, cette journée a été créée pour rappeler, non pas l’égalité des hommes et des femmes, mais la permanence de l’inégalité. Or ces différents ateliers restent, hélas, sur des thèmes politiquement corrects, ou qui du moins, sont traités comme tels.

Qu’en est-il du statut de la femme artiste que l’historiographie laisse encore et toujours de côté, malgré quelques études récentes surtout centrées sur l’art contemporain ? La pratique des arts comme métier fut longtemps réservée aux hommes, ou du moins c’est ce que l’histoire de l’art a retenu, pour certaines périodes à tort… Peut-être qu’une visite ou un atelier réhabilitant ces femmes de l’ombre aurait été bienvenu dans le cadre d’une journée qui, nous l’avons certainement oublié, est censée être tout sauf consensuelle.

Ou encore, un retour sur les femmes ayant exprimé des valeurs et des luttes féministes dans leur art aurait pu permettre de revenir sur le fameux combat vers l’égalité.

Il est grandement possible que les choix faits par les musées révèlent une pensée ambiante qui amène de nombreuses femmes à se dire « absolument pas féministes ». Pourtant mesdemoiselles, si nous ne le sommes pas, qui d’autre le sera pour nous ? Le climat qui cherche à faire accepter à la gente féminine son statut est, à mon sens, ethnocentré et relativement erroné. Avec les différents événements qui ont eu lieu très récemment en Espagne ou en Grèce et même dans certains états des Etats-Unis, une journée de la femme plus incisive dans les musées aurait peut-être pu rappeler ses objectifs premiers : la mémoire d’un combat et la nécessité de rester vigilant(e)s.

Cela ne vous empêche pas d’aller faire un tour dans les musées en attendant l’année prochaine pleins d’espoir…

La journée de la femme dans les musées : encore un petit effort ?

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